S'habiller pour la photo animalière

Comment les animaux nous repèrent-ils ?

J’en ai déjà parlé dans l’article concernant la billebaude, les animaux nous repèrent avant tout à l’odeur, au son et au mouvement.
Il est donc primordial de s’intéresser à tout ça avant de s’acheter les toutes dernières tenues de camouflage !
Car vous pouvez être camouflé comme jamais mais si vous sentez, parlez, craquez chaque branche sur votre passage ou bougez autant qu’un troglodyte mignon dans son buisson, vous n’approcherez jamais le moindre animal !

Et oui, être habillé en conséquence n’est qu’une partie des choses à faire pour maximiser vos chances de faire de belles observations.

Quelles sont les couleurs que les animaux perçoivent ?

Chaque animal perçoit le monde de sa propre façon et il serait un peu long et délicat d’en faire la liste exhaustive ici pour la simple et bonne raison que l’on n’a qu’une compréhension partielle sur le sujet ^^

Je vais essayer d’être le plus synthétique possible, accrochez-vous un peu, ça va bien se passer !

Une couleur n’est pas quelque chose de réel en soi, ce n’est que notre cerveau qui interprète une longueur d’onde grâce aux cônes situés dans nos rétines 🙂
Ce que l’on distingue comme couleurs est donc directement dépendant des cônes que l’on possède. Les humains ne voient déjà pas forcément les mêmes choses entre eux, les daltoniens par exemple, alors vous imaginez bien que pour les animaux on est sur une toute autre échelle !

Le nombre de types de cônes varie selon les animaux : 2 pour la plupart des mammifères, 4 pour les insectes, les reptiles et les oiseaux et même 5 pour les papillons et les pigeons. Et le positionnement des cônes n’est pas forcément le même non plus selon les espèces. Si on ajoute à ça la perception des ultraviolets, que l’on a forcément du mal à se représenter, ça complique encore la donne !

Bref pour savoir exactement qui voit quoi, ce n’est pas forcément évident ! 😀

On a bien sûr des éléments de réponse.
Tentons de prendre quelques exemples pour mieux comprendre.

Le chevreuil perçoit très bien le bleu, 20 fois mieux que nous !
Il est très sensible aux ultra-violets mais ne perçoit pas la différence entre le vert et le rouge.

Les bovins ne voient pas le rouge.
Un chien peut voir le jaune et le bleu-violet mais ne perçoit pas le rouge, l’orange et le vert.
Les faucons peuvent voir certains ultraviolets, amplifier la lumière au besoin et adapter la température de la couleur qu’ils voient pour accentuer les contrastes.

Bref, il est impossible de faire une généralité concernant ce sujet !

Se fondre dans le décor

L’idée va donc être d’essayer de se fondre dans le décor et d’éviter les contrastes plus que d’avoir telle ou telle couleur.
Vous pouvez bien évidemment vous adapter à l’espèce que vous voulez voir pour être le moins visible possible, mais dites-vous bien que ce ne sera qu’un plus.

La grande majorité des animaux ne se basent pas tant que ça sur les couleurs mais la vue joue quand même un rôle important !
Ayant des champs visuels bien plus larges que nous, ils n’ont aucun mal à détecter le moindre mouvement. Leur vision périphérique est bien plus puissante que la nôtre, qui est pourtant déjà assez efficace !

Et c’est notamment sur ce point qu’il faut accentuer les efforts lors de séances d’approche d’un animal.
Si l’on se place à bon vent, qu’on ne fait pas de mouvement brusque et qu’on y va très doucement, on a déjà mis beaucoup de chances de notre côté !

Certaines espèces ne seront d’ailleurs toutefois pas vraiment approchables comme les grands rapaces. Il faudra donc, pour celles-ci, privilégier les affûts en étudiant le terrain au préalable.

Alors pourquoi ces tenues sont préférables ?

En toute honnêteté, je n’utilise pas encore de tenue type Ghillie, vous savez ces tenues qui vous transforment en buisson de la tête au pied.
Tout simplement parce que je n’en ai pas encore eu besoin.
Depuis le temps que je fais de la photo, j’ai pu constater que ce n’était clairement pas l’habit qui faisait le moine !
Je n’ai que très rarement dérangé les animaux en affût et quand ça a été malheureusement le cas, c’était à cause du vent qui tournait ou d’un mouvement mal maîtrisé. Chose qui se serait passée de toute façon avec une tenue optimale.

Ces tenues prennent tout leur intérêt si vous voulez être le plus invisible possible, comme pour un affût en pleine forêt pour voir des cervidés par exemple.

Dans tous les cas, que ce soit en forêt, en montagne ou en plaine, l’idée est de casser la silhouette humaine et d’éviter des contrastes trop forts.
Les animaux, même si certains perçoivent plutôt bien certaines couleurs, se basent surtout sur les contrastes. Et en gros, s’ils voient un bloc uniforme d’une seule couleur, ils se disent que ce n’est pas naturel et donc que ça implique un potentiel danger !

Comment s’habiller au final ?

Que l’on soit bien d’accord, mon idée n’est pas de dire que ces tenues sont inutiles, je dis juste qu’il n’est pas nécessaire d’avoir toute la panoplie pour faire correctement de la photo animalière.

Comme dans la plupart des cas, la réponse n’est pas la même selon le cas.
Il faudra donc bien prendre en compte ce que vous voulez observer et dans quelles conditions.

Pour un affût en bord de champ ou en lisière de bois, tant que vous êtes bien fondu dans le paysage même sans tenue spéciale (évitez les couleurs qui sont à l’opposé du biotope dans lequel vous évoluez quand même !) et surtout que vous ne bougez pas, les animaux ne vous remarqueront pas.

L’idée principale que vous devez avoir en tête doit toujours être de déranger au minimum les animaux, ils ont déjà assez à faire en temps normal !