Qu’est-ce que c’est ?

Avant de parler plus en détail de la billebaude, il faut que j’évoque deux autres pratiques en photo animalière : l’affût et l’approche.
L’affût, la billebaude et l’approche sont un peu à la photo ce que sont le bon, la brute et le truand au cinéma 😀

L’affût consiste à se poster à un endroit présélectionné pour attendre le passage d’un animal précis. Il nécessite une certaine préparation (étude sur le terrain, camouflage, etc.)

L’approche quant à elle est une technique visant à tenter de se rapprocher d’un animal le plus près possible sans se faire repérer. Cela nécessite une certaine expérience sur différents aspects (connaître les animaux que l’on veut approcher, les mouvements à adopter, les bruits à éviter, la zone de fuite, etc.)

Et enfin la billebaude. On y vient 🙂
C’est un mot qui signifie « confusion, désordre » et dans le cas de la photo, il s’agit tout simplement de vouloir faire des photos tout en se baladant en pleine nature. On laisse plus ou moins de place au hasard pour photographier ce qui se trouvera sur notre route.

Pourquoi je vous parle des autres techniques ? Parce qu’il y a de grandes chances que l’on fasse de petites approches ou de courts affûts si l’on aperçoit un animal sur son chemin 🙂

Mais peut-on vraiment uniquement parler de rencontres hasardeuses ? Pas forcément !

Que peut-on espérer voir en billebaude ?

Je vous le dis tout de suite, c’est la technique qui donne le moins de résultats mais qui paradoxalement est ma préférée 🙂

Enfin, moins de résultats ça se discute. Disons qu’à part le lieu et le moment où l’on sort, on ne maîtrise pas grand chose donc on reviendra potentiellement avec beaucoup de photos mais pas forcément ce que l’on était venu chercher !

La billebaude a ce côté magique de ne jamais savoir quelle ambiance on va découvrir, quel animal on va rencontrer. Et même si parfois on revient en ayant croisé que très peu d’animaux, il y a toujours une belle ambiance, une belle lumière, une scène mémorable…
Je crois que je ne suis jamais revenu d’une balade / rando en me disant que c’était nul et que j’aurais mieux fait de rester chez moi ^^

Et si en plus vous êtes comme moi assez sensibles aux photos d’ambiance plus que de gros plans, la billebaude est clairement faite pour vous !

Concernant les animaux, ils ont ce que l’on pourrait appeler une zone de fuite, vous pouvez voir ça comme s’ils avaient une sorte de bulle autour d’eux qui mesure une taille donnée pour chaque espèce.
En vous approchant trop près à leur goût, vous éclatez en quelque sorte cette bulle et faites donc fuir l’animal en question.
Par exemple, un chardonneret élégant acceptera que vous vous approchiez à une petite dizaine de mètres tandis qu’un rapace vous aura vu bien avant que vous l’ayez vu.

Notons bien sûr que je parle ici du cas où vous êtes en mouvement. Si vous êtes statique et que c’est l’animal qui s’approche, cette image de la bulle n’a plus vraiment lieu d’être 🙂

Comment approche-t-on les animaux ?

Se balader c’est très bien, mais si votre but est quand même d’essayer de croiser la route d’animaux, il y aura quelques règles basiques à respecter.

1/ Ne pas sentir trop fort 😅

Vous remarquez la nuance ? ^^
J’ai bien dit ne pas sentir trop fort, j’entends par là ne pas sentir mauvais bien sûr mais ne pas sentir « trop bon » non plus !
Car pour une bonne partie des animaux, l’odorat sera la première alerte de votre présence et ce bien avant de vous voir.
Je ne compte plus le nombre de personnes que je croise en forêt qui sentent beaucoup mais alors beaucoup trop « bon » 🙂
Il m’est même arrivé de savoir grâce au sens du vent que j’allais croiser un humain dans un court laps de temps, ce qui s’est produit ! Et pourtant, je n’ai pas un odorat sur-développé !
Et si je dis ça, ce n’est pas pour les gens qui se parfument car j’imagine qu’ils ne sont pas forcément en forêt pour voir des animaux, ils sont juste en balade et c’est très bien comme ça.
Par contre, pour vous qui êtes photographe animalier, c’est à prendre en compte lors de vos sorties. Car si vous sortez dans les heures où ces mêmes gens parfumés sont en balade, mécaniquement vous risquez aussi de croiser moins d’animaux.

2/ Faire un minimum de bruit

Ce point-là est presque évident mais on peut facilement l’oublier.
Évidemment, et encore plus si vous êtes plusieurs, parler et marcher avec pertes et fracas diminuera drastiquement les chances de croiser un animal 😉

Une petite nuance toutefois : si l’objectif est de faire du repérage de terriers, il vaut mieux faire du bruit pour éviter de surprendre l’animal et lui laisser le temps de se cacher ou fuir tranquillement bien avant que vous n’arriviez sur les lieux 🙂

En règle générale, pour réussir à voir le maximum d’animaux lors d’une balade, vous obtiendrez de bons résultats avec une marche assez lente sans parler.
Une marche assez lente car, même si vous êtes à pied, on peut observer le même effet qu’en voiture.
Si vous essayez de voir tous les détails d’un lieu en passant en voiture, vous n’aurez pas le temps non ?!!
Et bien à pied c’est pareil ! Si vous marchez à vive allure, il y a toutes les chances de rater un bon paquet de détails qui en valent la peine !

Comment voulez-vous réussir, en même temps, à regarder ce qu’il y a à photographier autour de vous tout en examinant les traces au sol et en regardant au loin ou dans les arbres s’il n’y a pas un animal ?
C’est juste impossible, en tout cas pour moi ça l’est ! ^^
Une seule solution donc : ralentir le rythme et prendre le temps 🙂

3/ Savoir ce que l’on peut rencontrer

Il s’agit ici de connaître les différents endroits fréquentés par les espèces qui se situent dans le secteur visité.

Faisons un tour très rapide des grands types de biotopes et de ce que l’on peut y voir.

Si l’on se trouve dans un milieu composé de champs et de bois, il y aura de grandes chances de pouvoir trouver des chevreuils, des renards, des blaireaux, des rongeurs, des faisans, des buses, des faucons crécerelles…

En forêt, on est également sur le territoire des chevreuils, des renards, des blaireaux, des rongeurs et autres buses. Mais à cela, il faut rajouter une faune bien plus diversifiée. On trouvera en effet beaucoup plus d’espèces d’oiseaux et d’insectes.
Et, selon la localité, on y trouvera un peu plus de grande faune.
Dans l’Oise, on pourra y trouver une population de cerfs, de biches et de sangliers.
Dans le Jura, le lynx sera de la partie et dans les Pyrénées on pourra espérer voir l’ours.

En montagne, on pourra observer de grands rapaces, les mignonnes marmottes et les funambules des flancs : bouquetins et chamois.

L’idée à retenir est la suivante : plus vous connaîtrez les espèces présentes sur l’endroit exploré et plus vous aurez de chance de les rencontrer.

4/ Soyez conscient du vent

La direction du vent est quelque chose de primordial quand on cherche à photographier des mammifères. Ils nous sentent de très loin et le plus souvent, avec un vent dans le dos ou en tout cas dans la direction où l’on aimerait trouver des animaux, on n’aura tout simplement aucune chance de les croiser.

L’idée est donc de se demander régulièrement, que l’on ait l’appareil photo avec nous ou non, dans quelle direction souffle le vent. A force de se le demander, ça deviendra un automatisme et on ne fera plus l’erreur d’arriver vers un animal avec un mauvais vent 🙂

Car on peut dire ce que l’on veut mais si cet automatisme n’est pas ancré en nous, il y aura forcément des fois où l’on sera à mauvais vent sans s’en rendre compte… ou alors trop tard !

Tirer partie des accompagnants

Se balader est une chose mais comme je l’ai dit précédemment, il y a beaucoup à observer !
Et si vous n’êtes pas seul, lors d’une balade en famille ou avec votre conjoint par exemple, voyez ça comme un jeu 🙂

Si l’on est accompagné de nos proches qui ne pratiquent pas nécessairement la photo, ça peut vite devenir très long pour eux et donc compliqué pour tout le monde. Mais si vous voyez les choses différemment, ça peut devenir hyper ludique !

Si ceux qui vous accompagnent aiment la nature, profitez-en ! C’est super agréable de trouver des sujets à observer ensemble !
De cette manière, au lieu de faire de la photo seul dans votre coin et que ce soit ressenti comme un truc chiant, vous faites une activité ensemble !
Demandez-leur juste de vous dire quand ils voient quelque chose qui attire leur œil, les fait sourire ou les dégoûte.
Ils deviennent alors des explorateurs de trésors et vous immortalisez ces trouvailles en photo 🙂
Et il y a fort à parier que ça pourrait vous aider à voir des choses que vous n’auriez pas trouvé seul !

Ne soyez pas que photographe !

En balade, il est aussi important de profiter du spectacle avec nos yeux, j’entends par là hors de l’œilleton de l’appareil.

Je vous connais les photographes, toujours à vouloir prendre des photos ! 😀
Mais forcez-vous de temps à autre à juste observer. Je sais c’est dur !

Il faut trouver le bon équilibre entre photo et contemplation pour profiter pleinement de ces moments !

Et dites-vous bien qu’observer fait aussi partie de la pratique photo. Sans observation : pas de connaissances du terrain ou de son sujet 😉