Laissez-moi vous dire une vérité qui blesse : trop de photographes ne bougent pas suffisamment leur fesses…
Je ne compte plus toutes les fois où j’ai croisé des photographes qui voyaient quelque chose qui leur plaisait, cadraient vaguement à la va-vite et clic… puis repartaient bien contents de leur production.

Bon, on est d’accord : on l’a tous fait, moi le premier !
Mais c’est la route la plus rapide vers une photo banale et la frustration !

Avec pas mal de chance, ça finira en une jolie photo mais dites-vous bien une chose : il y a sûrement un cadrage qui vous plairait encore plus si vous preniez la peine de bouger !

Et attention, là je ne vous parle pas de passer deux heures sur la même photo, ce genre de traitement est à réserver aux photos que l’on veut vraiment réussir !
Et encore, si vous avez une idée très précise d’une photo en tête, ça se comptera plus en jours qu’en heures ^^
Non là, je parle de passer quelques minutes maximum. Juste essayer de voir si en se déplaçant un tout petit peu, quelque chose se passe.

Ce n’est pas un si gros effort non ? 😉

Le cas de la photo de paysage

En photo de paysage, le but du jeu va être d’assembler les différents éléments qui composent votre scène.

Et quelques fois, quasi à chaque fois pour ainsi dire, le simple fait de se déplacer de quelques centimètres peut tout changer. Car même si votre photo est en 2D, ce que vous avez devant vos yeux est en 3D.
Tentez donc la prochaine fois que vous serez sur le terrain de regarder le plus souvent possible dans le viseur et de vous déplacer un peu à gauche, à droite, vous surélever et vous abaisser.

Vous verrez des différences de perspective et de composition plus que notables !
Une branche qui gênait un peu, une cime d’arbre qui n’était pas bien mise en valeur, un horizon coupé, un premier plan qui se dévoile, etc.

Attention toutefois à avoir bien conscience de votre position, on en a déjà vus qui sont morts en reculant un peu trop près d’une corniche… Je sais je casse l’ambiance mais ça me semble important de le dire !

Mais revenons-en à nos moutons, le but est donc de faire en sorte de rendre harmonieuse la vue que vous avez. C’est-à-dire de laisser de la place à l’œil du spectateur pour qu’il puisse identifier tout de suite le sujet et se déplacer librement dans la photo dans un second temps.

Le cas de la photo animalière

En photo animalière, c’est un cas un peu plus particulier.
Ça ne serait pas drôle sinon 🙂

On retrouve la même problématique de placement dans l’absolu (il faut se déplacer pour que tout soit harmonieux) mais avec une contrainte supplémentaire : notre sujet bouge… beaucoup dans certains cas ! ^^
Et très souvent, l’environnement dans lequel il se déplace est assez dense, ce qui n’arrange rien !

On n’a donc littéralement que quelques instants pour faire ses choix, ce qui rend la discipline exigeante mais tellement unique !
Quel plaisir de réussir à immortaliser des instants de vie éphémères qui n’ont duré que quelques instants ! ^^ Désolé, je divague… 😅

Nous allons devoir passer par toutes les étapes suivantes pour réussir à faire une bonne photo, et ce en quelques fractions de secondes :

  • réussir à faire le point sur l’animal en question.
    Ça peut paraitre bête mais quand il s’agit de faire le point sur un écureuil qui cavale entre les branches à quelques mètres de hauteur, c’est une réelle première étape 😉
  • composer son image avec les éléments que l’on a dans le viseur. A ce niveau-là, on est clairement sur de l’improvisation !
  • faire attention à l’exposition pour ne pas sur ou sous-exposer
  • déclencher. Bah oui quand même, sinon on a fait tout ça pour rien 😀

Et bien entendu, je suppose dans cette liste que vous avez fait au préalable les réglages pour obtenir la vitesse, l’ouverture et les isos souhaités par exemple.

C’est lors de la 2ème étape que des micro-mouvements peuvent faire toute la différence.
Réussir à bien mettre en valeur son sujet quand tout bouge n’est pas facile, loin de là !

Une rainette arboricole attend sagement la tombée de la nuit en profitant des derniers rayons de soleil

Pour faire cette photo, il y a eu une belle session de squats 😀

L’idée était d’avoir la rainette bien détachée des branches qui guident l’œil jusqu’à elle.

Il a donc fallu se bouger jusqu’à trouver cette composition qui m’a beaucoup plu 🙂

La lumière

Un élément, et non des moindres, sur lequel joue le placement est la lumière.
Trouver un sujet qui vous intéresse à photographier n’est que la première étape.
Tournez autour si c’est possible (je vous le concède, tourner autour d’une montagne c’est moins évident :D), voyez comment la lumière change dessus.

C’est particulièrement vrai en début et fin de journée quand la lumière se fait plus rasante.

Un exemple pour comprendre

Voici un exemple assez parlant en fin de journée pour bien comprendre. Ces trois photos ont été prises l’une après l’autre, juste en se déplaçant de quelques pas.

On voit bien que la lumière se comporte complètement différemment et que le même sujet au même moment n’est plus du tout représenté de la même façon.

C’est peut-être encore plus parlant quand on se rapproche de son sujet.
Ici, la même plante prise à quelques secondes d’intervalle juste en se déplaçant. Radicalement différent non ? 🙂

Une branche qui a la lumière directe du soleil qui se trouve derrière le photographe

Dos au soleil

Une branche entourée d'un halo de lumière grâce au soleil en face du photographe

Face au soleil

Même si les meilleurs conseils du monde peuvent vous faire gagner du temps, il n’y a qu’une chose qui vous donnera les automatismes : l’expérience.
Plus vous pratiquerez, plus ces micro-mouvements viendront d’eux-mêmes car vous aurez intégré ce que ça change.
Être prêt à fléchir un tout petit peu les jambes, déplacer son buste de quelques centimètres… des détails qui font toute la différence !