Un pic noir déploie ses ailes à la verticale sur un tronc d'arbre

Être le témoin privilégié de la vie des animaux sauvages est génialissime, une expérience qui reste gravée dans la mémoire.

Je ne vous parle pas forcément du lion dans la savane ou du Quetzal resplendissant au Costa Rica.
Non, je vous parle de tout animal que l’on voit dans son milieu naturel, que ce soit un rouge-gorge, un pic noir, un chevreuil, une rainette ou un renard.

Avoir toute son attention portée sur un animal, quelques fois même avoir un échange de regards où chacun plonge dans l’âme de l’autre sont des moments que l’on n’oublie pas, qui vous donne un frisson incomparable !

Mais ces observations, et encore plus les photos qui en découlent, ne doivent jamais être faites au détriment du respect de l’animal.
C’est un point fondamental à intégrer le plus rapidement possible quand on se lance dans la photo animalière !

Faire une belle photo oui ! Mais si cette photo a été faite en dérangeant l’animal, alors c’est une photo ratée !

Qu’est-ce que j’appelle un dérangement ?

Pour moi, il y a deux grands types de dérangements.
Les deux sont à éviter au maximum bien entendu mais l’un est plus dommageable que l’autre.

Le dérangement sans conséquence

Ce dérangement est simplement quand vous vous baladez et faites fuir un animal ou si vous vous faites repérer lors d’un affût (loin de l’habitat de l’espèce en question).
Vous n’avez à priori interrompu qu’une balade ou une séance de nourrissage.
Généralement, ce n’est pas gravissime et l’animal ira juste chercher ce qu’il était venu chercher un peu plus loin.

Que l’on soit bien d’accord, même si les conséquences ne sont pas dévastatrices dans ce cas, il faut au maximum éviter de perturber un animal sauvage !

Ce que j’entends par là, c’est que si l’on sait que l’on se trouve dans une zone où il y a souvent des animaux, on fait en sorte de faire le moins de bruit possible. Même en simple balade, on se parle à voix basse, vous verrez il y a même un côté aventure à parler en chuchotant 😉

Respectez également la zone de fuite de l’animal et ne vous approchez pas trop ! Pour plus de détails, vous pouvez lire mon article sur la billebaude.

Selon l’espèce, le temps qu’ils ont pour se nourrir tranquillement est parfois réduit et les priver d’une séance de nourrissage pourrait être plus dommageable que ce que l’on pourrait penser.

Le dérangement dangereux

Ce que j’appelle un dérangement dangereux, c’est quand vous mettez en danger l’animal ou vous-même !

Prenons la période du brame du cerf par exemple.
Si vous ne faites pas attention et que le cerf tombe sur vous…
Disons qu’au mieux vous aurez une frayeur dont vous vous souviendrez toute votre vie, au pire ça peut se finir très très mal !
Les cerfs sont épuisés et contrôlés par leurs hormones à ce moment-là donc ils ne font pas dans le détail !

Ça, c’est un cas où VOUS êtes en danger mais la plupart du temps, vous mettez plutôt en danger l’animal observé (sans le vouloir bien sûr).

Un cas que l’on peut souvent retrouver, c’est lors de la saison des renardeaux. Si l’on ne prend pas de précaution, on peut se faire repérer par la mère qui va nous prendre pour une menace probable pour sa portée. Elle va alors abandonner le terrier pour déplacer les petits et les mettre en lieu sûr.

Le souci, c’est qu’il peut y avoir de la perte dans le déménagement car celui-ci est fait dans la panique.

Elle ne peut pas prendre tout le monde en même temps s’ils sont vraiment petits, et le temps d’en déplacer un, les autres sont vulnérables.

Bref, en venant juste les observer ou les prendre en photo, il se peut que vous ayez mis la vie des renardeaux en danger. Ce n’est pas ce que vous vouliez à la base, on est d’accord ? 🙂

Comment faire alors ?

C’est une question légitime car même avec la plus belle volonté du monde, on peut faire des erreurs et déranger les animaux.
Et malheureusement, tout photographe animalier a déjà dérangé un animal, c’est quasiment inévitable.

En fait, ce n’est pas « quasiment » inévitable. C’est tout bonnement inévitable !
Et oui, vous ferez attention lors de votre prochaine sortie au nombre d’oiseaux qui s’envole sur votre passage et je ne parle même pas des insectes que l’on écrase parfois sans même les voir (désolé les fourmis !)
D’ailleurs, si vous voyez un mec faire des petits pas de danse en marchant, c’est peut-être moi qui évite un insecte identifié juste à temps 😅

Mais même en parlant d’une faune plus grande, il arrive de faire fuir un animal juste en se baladant (parce qu’on ne savait tout simplement pas qu’il était là) ou en affût à cause d’un vent tournant au mauvais moment, les causes sont infinies.

Là où ça pose réellement problème, c’est quand on essaie d’entrer dans l’intimité des animaux en les observant au plus près dans des sphères normalement privées.

C’est pourquoi, spécialement quand on entreprend d’observer des espèces lors des périodes critiques, il faut prendre toutes les mesures possibles pour respecter leur tranquillité. Il faut donc éviter à tout prix de se faire repérer et ne pas s’approcher trop près.
Je parle notamment des périodes où les petits naissent, et ça vaut pour toutes les espèces. Beaucoup d’entre elles partiront dans la panique si elles sont dérangées au mauvais moment. Sans parler de celles qui voudront protéger leur petits à vos dépens.

Je me répète ici, le but premier de tout photographe animalier devrait être le bien être animal. La belle photo vient après.

En tant que photographes animaliers, nous avons une responsabilité qu’il ne faut pas minimiser. Nous pouvons malheureusement faire de grands dégâts si nous prenons ces questions à la légère.

Ça veut donc dire commencer par faire un bon repérage puis observer d’assez loin pour comprendre comment l’animal évolue, où sont ses endroits de passage et ensuite seulement envisager de se rapprocher (une fois les habitudes identifiées).

C’est donc quelque chose que l’on ne prend pas à la légère et qui se construit sur plusieurs sessions.

Et n’oublions pas, respecter les animaux c’est surtout respecter le vivant dans son ensemble.
Un peu plus de respect d’une manière globale ne ferait pas de mal non ?
Sur un malentendu ça pourrait se refléter sur comment on se traite entre humains 😉